A une époque cela devait être mon métier... Ponger... Et puis quand on est jeune on est con, souvent... Accident... Et je ne serai jamais plongeur... Je ne plonge plus d'ailleurs je ne peux plus... Comme une vieille blessure d'Arras... Comme Cyrano, on a tous, nos vieilles blessures d'Arras... Alors l'ouverture du "Grand Bleu"... Comme pour me rappeler ce que je ne serai jamais... Jamais plus... Et aussi trouver la respiration le rythme... Avant une nouvelle plongée... Avant une autre sorte de plongée... En aurais-je le souffle... Se rappeler la phrase d'Enzo à Jacuqes : "tu as du courage d'y aller avec un tel physique..." On verra... de toute façon c'est déjà trop tard... 1 - 2 - 3... Plonger...
Il faisait froid... Le ciel était gris... Un 11 novembre de plus... Le 91ème depuis la fin de la grande boucherie... J'avais un arrière grand-père qui comme des millions d'autres sortit des tranchées ce jour là... Qui se souvient de tant de souffrance pour rien... Il faut voir les champs de croix blanches à perte de vue, seule moisson de la bêtise et de la folie des hommes... Tant de souffrance pour remettre le couvert, encore un peu plus loin dans la barbarie 21 ans plus tard... 10 000 000 de morts qui ne firent pas la "Ders des Ders"... Alors revoir le film de Jeunet... Et relire Japrisot... Combien de "long dimanche de fiançailles"... Pour combien d'autres "bingo crépuscule" ? ...
Voilà, je vais retourner chez moi... Prendre un poste dans un quartier où ça compte... Dans un quartier comme celui dans lequel j'ai grandi... Je me souviens des copains, on sortait de l'école. On courait vers chez moi... On montait dans le cerisier et on se pétait la panse avec des cerises... Ils m'ont souvent sauvés les couilles quand ça partait un vrille à la sortie du collège... Voilà, j'ai eu du bol j'm'en suis sorti... Enfin mieux sorti... Je pense à Saïd et Nasser... Nasser... La dernière fois que je l'ai vu, il était entre deux séjours de placards... On passe pas mal de temps tous les deux, dans des batiments 3ème République, c'est juste pas tout à fait les mêmes... J'ai eu du bol... J'ai bossé, serré les dents... Mais j'ai eu du bol... Voilà je vais retourner chez moi... Dans les quartiers pourris que vous explique Kool Shen dans "Vivre dans l'urgence"... Ces quartiers où la société ne fait pas de cadeau, ou rarement... Là où ce que je fais compte peut-être plus qu'ailleurs... Renvoyer des ascenseurs...
Osciller entre assurance et doute... Je n'ai jamais su faire autre chose... Alors je fait mon tour de table je consulte j'écoute... Et je découvre l'ampleur de la tâche à mesure que l'iceberg se rapproche et je mesure aussi la face immergé... Alors comme Alanis dans cette chanson, je me trouve "So Un-"... plein de choses...
Je me souviens d'une rencontre, une belle rencontre ou l'on m'avait dit : "tu fais un métier de grand !"... J'avais souris... Et puis là je me dit que non jusqu'à présent je me marrais... Le metier, si c'est un métier ? Enfin le métier de grand. Il arrive... Celui là achevé je serai vieux, cela ne fait aucun doute... Il finira d'arracher les derniers oripeaux du gauchiste... Il finira d'achever les dernières illusions... Je serai sans doute devenu "l'ennemi dans la glace" ... Mais si je puis le faire avec autant d'élégance que Chamfort... Alors... Encore un à qui j'aimerai ressembler quand je serai vieux donc... C'est à dire dans plus très longtemps maintenant...
Hier soir... quitter le Palais Royal... Et traverser le Louvre... Et repenser à ce film de Corneau "Nocturne Indien" et surtout au quintet en ut de Schubert... Un joli moment des jolis instants... Car il est des musique qui vont avec les lieux et les ambiances... Un joli moment... De jolis instants volés à la vitesse et la vacuité ambiante... Paris la nuit... et "Nocture Indien"...
Une route droite, bordée d'arbres comme il en est tant... Un soir... traverser le pays d'Othe, les marches de la Bourgogne et de Champagne Ardennes... Le soleil rasant, vous aveugle plus qu'il ne vous éclaire... Et mes pensées divaguent.... Des souvenirs... L'avenir, les avenirs, pour être exact, en fonction des options... "India" en toile de fond sonore... "India" du Roxy Music sur l'album "Avalon" ... Encore une fois "Avalon" ... Un presage ? La promesse du repos après la dernière mission ? Peut-être... Je sais pas ! J'espère ! Et donc j'invoque mes fantômes pour savoir quelles options ils prendraient ? "India" une superbe harmonie dans une juxtaposition presque cacophonique... Les options... La route droite... le Crépuscule... Le soleil qui aveugle plus qu'il n'éclaire... "India" ...
Je serai plus long dans quelques temps... En attendant je me jette dans le vide... Et j'ecoute ça... Il y a des propositions qui passent pas deux fois... Alors voilà je me jette dans le vide... Je rejoins mon Sly... Encore une fois si on se krach cela sera ensemble... En attendant j'écoute ça... "Learning to fly" les Floyds... Et la musique qui remplis l'espace... YaaaaahhhhhhhhhhhhHHHHHHHHHHHHH !
Ce soir, enfin dans quelques minutes je regarderai la fin, les deux derniers épisodes, de "Les Tudors - Saison 1" sur Arte... Sublime série pas toujours très précise dans son déroulé chronologique, mais qui reste une superbe évocation des débuts de la période moderne en Angleterre... Et puis donner vie à un personnage comme Henry VIII n'est pas chose facile... Et puis ils y sont tous, Wolsey, Boleyn, Walsingham, More... Tous ces personnages que j'ai étudié et qui me fascine... Une période trouble, troublée et troublante... Les décors sont magnifiques et les costumes sublimes... Une très très belle série, intelligente et à la fois dépaysante... Comme on aimerait... Enfin comme j'aimerais en voir plus...
Le Nord de Paris... ou l'Est... Enfin pas les beaux quartiers quoi ! Ce soir j'irai trainer loin de chez Roger, loin de la rue Picot... Ce soir je renouerai avec c'est autre moi, celui qui porte pas de costard Anglais, celui qui a appris a tourner les dés au 4-21... Qui aime la franchise brute des rades pourris... Ou au fond de la cour pavée les chiottes puent la pisse... Comme dans Tardi en Banlieue... Ce soir je vais boire... Faut pas ! Pas si sure ?... Là-bas je sais qui je suis... C'est pas brillant mais c'est palpable... Là-bas la vie à une odeur, une saveur, même si c'est aigre voir amer... Même si ça pue... Et demain je reviendrai avec une casquette en fonte façon Creusot-Loire... Et puis ça ira mieux... J'écoutais ça y a longtemps je ré-écouterai ce soir... Allez place à Gros François... Place à M., s'il vous plait, François Hadji Lazaro... "1, 2... 1,2,3, dans la salle du bar tabac... "