Je reviens d'une réunion, pour trouver une solution de relogement à une association humanitaire... Mon téléphone sonne... Une femme qui vit à l'hôtel avec son mari et ses deux enfants est au bout du fil. L'impuissance face au désespoir, voilà comment on peut résumer la conversation qui suivit... Quelques minutes avant traversant Paris en voiture officielle je parlait justement de cela avec mon patron... De la difficulté à mettre en adéquation le temps des décisions, le temps des réalisations, et le temps des gens, de la vie des gens... Le temps de ceux qui nous ont portés là et auxquels nous devons des comptes... En attendant accepter l'idée de passer pour insensible et indifférent à la face du monde... Et pourtant... S'ils savaient... Et leurs apparaitre un peu comme "les Princes des Villes"...
Voilà, au final je ne voulais pas ce combat... Je suis entrer dans la salle... Comme d'autre entre sur un ring... L'adversaire était à ma main... Je me suis échauffé... Comme si je boxais dans le vide sur de la musique douce... Et puis j'ai croisé son regard terrifié... Alors je suis sorti du ring... Jeter l'éponge... J'aurai gagné, je le sais, elle aussi, cela me suffit... Je n'ai rien demandé... La justice la condamne ou pas... Je m'en lave les mains... Demain soir je pourrai regarder ma fille dans les yeux... Et je pourrai aussi le faire quand dans quelques années elle posera des questions...Une près-midi ou je me rappellerai avoir boxé dans le vide sur de la musique douce...
Dans quelques minutes je retrouverai la salle des pas perdus... Le grand édifice ou des femmes et des hommes disent la justice... Pas le bien et le mal, la justice... celle des hommes rendue au nom du peuple... Je passerai devant la statue de la dame aux yeux bandés un glaive dans une main une balance dans l'autre... Je ne suis plus l'accusé, je devrais me réjouir... Je n'y arrive pas... On m'a demandé à combien j'estimais le préjudice... Vous arrivez à quantifier et à convertir la tristesse en argent vous ? Pas moi ! On va me rendre justice... Je n'arrive pas à m'en réjouir... Certain penserai vengeance en hurlant que justice soit faite... "that's not the shape of my heart"...
Voilà je voulais la mettre, depuis longtemps, cette chanson... Je l'écoutais souvent ces derniers jours... "Volutes". Vos luttes partent en fumée... Les miennes aussi... La sienne ? Il l'a perdu, mais celle là tout le monde la perds un jour...
Etrange sensation d'un retour et la sensation d'être parti... Déjà parti... Vraiment parti... Comme dans ce clip... Un univers ultra urbain, revenir sur des lieux, se voir presque d'extérieur... Savoir que c'est soi et en même temps ? Savoir que l'on connait les lieux et ce qu'ils provoquent... Et ne plus ressentir la même chose... Perdu mais sans angoisse... J'ai eu raison de suspendre "ezl" le 19 décembre dernier... La modification fut profonde... Elle m'échappe encore par certains aspects... Et en même temps c'est ici que je me sens bien...
Retour à "ezl", le 19 décembre était un faux départ... L la mère de T, a décidé de prolongé après le 15ème round... Parfait... Alors j'écoute ça "Ultramarine" de Michael Brook extrait de la B.O. de "Heat"... et remonte sur le ring... Etrange le léviathan dors toujours et pour la première fois de ma vie je n'ai pas besoin de lui pour me sentir prêt. Qu'est ce que cela peut vouloir dire ? Je ne sais pas ! Comme dans "Ultramarine", le calme et l'urgence, la volonté sans l'adrénaline...
Parce que si je pouvais dire... A quel point je crève d'angoisse avant vendredi... Parce que si je pouvais dire... Je ne dirai pas... Je hurlerai comme la guitare de Morello... Mais cela ne servirai à rien alors... Alors... Bis... Sans les images cette fois... Juste le son... Pour finir dans le mur peut-être...