J'étais jeune... Les soirées étaient enfumées et alcoolisées... Le sexe étaient fréquent et maladroit de candeur... Les soirées étaient à refaire un monde que l'on aura peu changé... Aujourd'hui je me souviens... Un étrange sourire se dessine sur mon visage... Je revois un jeune dingue... Il avait les cheveux longs... Portait une battle-dress... Portait des chemises blanches à col-cassée... Et des badges... Sur l'un d'eux, il y avait une main qui faisait un doigt d'honneur et en dessous on pouvait lire "Pump up the volume"... Aujourd'hui je me souviens... Secrètement j'espère qu'il est moins maladroit avec les dames mais il a beaucoup perdu de sa candeur... J'étais jeune... On écoutait HFT... Je vous livre une de mes préférées... Ma vie n'avait pas encore envahie mes rêves...
Elle m'envoie des cartes postales de son asile - M'annonçant la nouvelle de son dernier combat- Elle me dit que la nuit l'a rendue trop fragile - Et qu'elle veut plus ramer pour d'autres Guernica - Et moi je lis ses lettres le soir dans la tempête - En buvant des cafés dans les stations-service - Et je calcule en moi le poids de sa défaite - Et je mesure le temps qui nous apoplexise - Et je me dis stop - Mais je remonte mon col j'appuie sur le starter - Et je vais voir ailleurs encore plus loin ailleurs - Et je croise des vieillards qui font la sentinelle - Et me demandent si j'ai pas des cachous pour la nuit - Je balance mes buvards et tire sur la ficelle - Pour appeler le dément qui inventa l'ennui - Et je promène son masque au fond de mes sacoches - Avec le négatif de nos photos futures - Je mendie l'oxygène aux sorties des cinoches - Et je vends des compresseurs à mes ladies-bromure - Et je me dis stop - Mais je remonte mon col j'appuie sur le starter - Et je vais voir ailleurs encore plus loin ailleurs - Il est bientôt minuit mais je fais beaucoup plus jeune - Je piaffe et m'impatiente au fond des starting-blocks - Je m'arrête pour mater mes corbeaux qui déjeunent - Et mes fleurs qui se tordent sous les électrochocs - Et j'imagine le rire de toutes nos cellules mortes - Quand on se tape la bascule en gommant nos années - J'ai gardé mon turbo pour défoncer les portes - Mais parfois il me reste que les violons pour pleurer - Et je me dis stop - Mais je remonte mon col j'appuie sur le starter - Et je vais voir ailleurs encore plus loin ailleurs - Elle m'envoie des cartes postales de son asile - M'annonçant la nouvelle de son dernier combat- Elle me dit que la nuit l'a rendue trop fragile - Et qu'elle veut plus ramer pour d'autres Guernica…
Hubert-Félix Thiefaine - album : "En concert, vol 2" ; extrait : "Autoroutes jeudi d'autmone" - 1985.
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